LE NATURISME une philosophie
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Le naturisme, une philosophie

On nous dira que le naturisme est tout sauf une philosophie, que le naturisme ne se vit que chacun pour soi. Or il n’en est rien. Le naturisme est une éthique, un ensemble de valeurs acceptées dans un espace commun reconnu par la loi, avec des règles, afin de donner une légitimité à ce courant et d’éviter toute critique possible de voyeurisme ou d’exhibitionnisme.
Vivre sa propre nudité sur une plage, dans un centre ou dans un club permet d’égaliser les rapports sociaux. Débarrassé des vêtements, quiconque profite des ces structures dédiées au naturisme a les mêmes rapports au monde, les mêmes codes sociaux que les autres, de l’enfant aux parents en passant par les grands-parents et les amis. Un doux rêve égalitaire qui semble enfin devenu possible !

Naturisme et nudisme, est-ce la même chose ?

La définition du naturisme par la Fédération Française de Naturisme est simple : « être naturiste c'est vivre la nature, vivre son propre corps, vivre en famille, faire l'expérience de sa propre liberté. Être naturiste est le moyen le plus simple d'être humain ». Le naturisme redonne toute sa place au corps. La différence avec le nudisme est simple. Le nudisme consiste à être nu dans un espace public, acte répréhensible par l’article 222-32 du Code pénal. À la différence du nudisme, le naturisme double le fait d’être nu par un projet de société. Les naturistes ne sont pas nus pour être nus, mais pour vivre en accord avec la nature à travers leur nudité, le tout dans un cadre établi, où la règle est justement de vivre nu, et surtout dans un espace reconnu par la loi. Tout ce qu’on ne trouve pas chez les nudistes qui éprouvent du plaisir à se montrer nus, juste pour s’exhiber.

Le sens du naturisme

Le naturisme est donc un projet de société, où l’on s’abstrait de la vie matérialiste pour retrouver des valeurs fondées sur la nature et le corps en harmonie avec les différents éléments, l’eau, l’air, la terre et le soleil. Des valeurs qui ont eu de tout temps le vent en poupe, développées aussi bien par des anarchistes que des religieux au XVIIIe siècle, mais aussi dans les années 70 et qui reviennent au galop aujourd’hui, avec la mouvance écolo.
Le lien de la Fédération avec France Nature Environnement (FNE), l’un des acteurs principaux du Grenelle de l’Environnement, n’est pas négligeable. Des gestes dans les clubs ou les centres naturistes permettent de limiter l’empreinte écologique, avec des efforts réalisés au niveau des énergies, souvent solaires ou encore la gestion soignée du cycle de l’eau pour éviter tout gaspillage. Transmettre ces valeurs de nature et de vie passait autrefois par l’école, la famille ou encore la religion, des cadres d’éducation qui ont périclité aujourd’hui. Et si le naturisme était un moyen de perpétuer ces valeurs ?
C’est aussi retrouver confiance dans son corps et dans celui des autres. Ne naît-on pas nu ? La nudité « naturiste » est une nudité naturelle. Le corps n’est plus celui que l’on cache derrière des vêtements mais bien un élément commun à l’environnement, qui permet aussi d’être un individu unique. S’accepter en tant que tel, c’est grandir et évoluer dans le respect de son corps et de celui des autres, une manière aussi de considérer la nudité non pas comme honteuse, mais heureuse. Reste aussi la donne humaine, et le plaisir d’être ensemble, tout simplement, en famille ou entre amis.

Naturisme et santé

Le naturisme a ses origines liées à la santé. Les médecins d’autrefois se référaient à la nature toute puissante. Au temps des Gallo-Romains, les sources d’eau étaient des lieux de culte vénérés. Retrouver le contact avec les éléments aurait des vertus physiques, le corps est libre au sein de la nature, mais possède aussi des vertus sociales, l’harmonie qui en découle créerait une sorte de société idéale sans préjugé.
Selon certaines recherches scientifiques, exposer sa nudité dès sa plus tendre enfance dans le cadre d’un club ou d’un centre permettrait de vivre plus sereinement avec son corps. De plus, le naturisme s’accompagne dès ses origines d’une alimentation naturelle, héritage d’un mouvement végétarien déjà en place au XIXe siècle. Enfin, ce serait l’un des « déstressants » naturels les plus bénéfiques. Alors…

De l’Antiquité jusqu’à la Renaissance

L’une des origines les plus lointaines du naturisme remonte au grec Hippocrate, l’un des pères de la médecine. « Les natures sont les médecins des maladies. La nature trouve par elle-même les voies, non par la réflexion. (…) La nature bien instruite, d’elle-même, sans avoir appris, fait ce qu’il convient. » (Épidémies, VI). Mais le corps n’a pas droit de cité pendant de nombreux siècles.
Qu’on songe au Moyen Âge où se laver faisait peur. On craignait même dans l’étuve, où l’on se retrouvait pour se laver, que les maladies ne se faufilent par les pores de la peau. Le christianisme a longtemps développé l’idée que la nature était souillée par le péché originel. Il faut attendre la Renaissance, Erasme en tête, qui affirmera dans son Éloge de la folie, que la nature « n’est en défaut nulle part à moins qu’on veuille sortir des limites de la condition mortelle » pour réaffirmer les principes naturistes.

Du XVIIIe au XXe siècle

Mais c’est surtout le XVIIIe siècle, celui des Lumières, qui redonne ses lettres de noblesse à notre anatomie, notamment grâce aux philosophes, Jean-Jacques Rousseau en tête, chantre de la nature à travers ses nombreux ouvrages. Rousseau fera le constat, comme ses illustres ancêtres Montaigne ou Rabelais, que l’homme urbain s’éloigne de plus en plus de la nature. Il faut voir aussi à travers cette évocation d’une nature rêvée un doux rêve, une utopie, voire même une anarchie. Et si le naturisme était une utopie à portée de main ?
Le mot « naturiste » aurait fait son apparition dans la langue française en 1778, quand un observateur belge nommé Antoine Planchon aurait évoqué des règles de vie meilleures en adéquation avec la nature. L’intérêt de ce mouvement réside aussi dans ses partisans, aussi bien religieux (la nudité comme retour aux origines bibliques), contestataires en réaction à l’ordre établi (sus aux diktats bourgeois !), voire même artistiques (fréquents séjours d’artistes comme Picasso ou Louise de Vilmorin sur l’île du Levant). Le mouvement se développe en Allemagne autour des villes d’eaux et des cures, valorisant le culte du corps nu. Des idées libertaires fleurissent, des mouvements pacifistes prennent le relais. Tous visent un renouveau de la société par le corps. Cette idée sera toutefois pervertie, dans un sens hygiéniste, par le national-socialisme qui valorisera les corps « sains » et athlétiques.
Les pays scandinaves où la nudité est plus courante suivent le mouvement. En France, il faut attendre l’entre-deux-guerres. Après l’hécatombe de la Première Guerre mondiale, un retour à la nature, à l’innocence est à l’ordre du jour. En 1920, le Sparta Club est le premier club naturiste français, créé par un aristocrate breton, Kienné de Mongeot. Les frères Durville sont à leur tour dans les années 30 de fervents défenseurs de la cause naturiste. Les questions médicales sont au cœur du mouvement naturiste, l’idée étant de retrouver pied au contact de l’environnement.
Le premier centre naturiste créé en 1949 est l’apanage d’un couple, M. et Mme Lecoq, à Montalivet, en Gironde, appelé Centre Hélio Marin (CHM), toujours et plus que jamais en activité aujourd’hui. Plus de 12 000 personnes peuvent y vivre de concert en haute saison ! Pourtant, les réticences et les embûches au démarrage furent nombreuses. Ce sont aussi M. et Mme Lecoq qui jetteront les bases de la Fédération Française de Naturisme (FFN).

Comment s’y prendre ?

« Textile » : voilà un mot qu’il vous faut retenir. C’est ainsi que les non-pratiquants sont qualifiés par les naturistes. On l’emploie aussi pour désigner ceux qui ne jouent pas forcément le jeu à l’intérieur des centres… La première fois, il peut être gênant de se mettre nu face à d’autres personnes, a priori inconnues. Il faut comprendre qu’on ne nous juge pas. Quiconque passe ses vacances dans un centre dédié oublie ses préjugés. Tout le monde joue le jeu et en accepte les règles. Quelles sont-elles ?

Règles de bonne conduite

Le respect est la première des conduites à adopter vis-à-vis des uns et des autres. Les naturistes qui prendront la carte d’affiliation auprès de la FBN ( FNI ) ou auprès d’un club près de chez eux, outre le fait qu’elle leur offre des avantages, s’engagent un peu plus que les simples naturistes fréquentant les plages. Reste qu’il s’agit dans tous les cas d’un acte choisi et non pas imposé.
Dès que le temps le permet, on se dévêt. Il s’agit ensuite de suivre les activités proposées (sport, baignade, promenades, activités manuelles, etc.). Il faut être sûr, lorsque vous prenez des photos, d’avoir l’accord de vos modèles et de toutes les personnes dans l’objectif. Le plus dur sera sans doute de convaincre les enfants. Il s’agit d’organiser quelques activités qui leur seront spécialement dédiées. Par ailleurs, pour les adolescents, à l’âge de la puberté, un accompagnement est nécessaire. Pas facile d’accepter son corps à cet âge-là. Bien se renseigner auprès du club pour connaître les règles adoptées pour les ados : peuvent-ils éventuellement rester vêtus ? Un peu ? Beaucoup ? Mais justement, le naturisme peut aider à s’affranchir de ces craintes.
Attention aux coups de soleil aussi ! Même si les naturistes exposent leur corps plus souvent aux rayons, il faut tout de même se protéger. Et puis, ce n’est pas parce que vous êtes en pleine nature que vous devez oublier quelques consignes de sécurité essentielles, un accident ou une piqûre sont vite arrivés. Gaffe !
Après, toutes les règles de savoir-vivre traditionnelles d’un camping ou d’un lieu de vie commune sont à suivre : nuisances sonores à éviter tard le soir, gestion des déchets de manière écologique, les animaux et leurs déjections, serviette à la plage ou autour de la piscine pour se poser, entraide, salut, etc. Les hommes seuls sont aussi parfois refusés dans les clubs. D’autres exigent qu’ils soient affiliés à la fédération.

Un grand merci à la Fédération Française de Naturisme pour leur aide et leurs informations dans l’élaboration de ce dossier.

Fédération Internationale du Naturisme Fédération belge du Naturisme Fédération italienne du Naturisme Fédération espagnole du Naturisme Fédération hollandaise du Naturisme Fédération canadienne du Naturisme

Quelques sites « portails » généralistes, recensant de nombreux clubs ou centres :

nu-au-soleil.com naturisteparnature.com naturisme-aquitaine.fr naturisme-et-terroirs.com euronat.fr

Histoire du naturisme : le mythe du retour à la nature, d’Arnaud Baubérot, Presses universitaires de Rennes, 2004. Vivre le naturisme, de France Guillain, LPM, 2002. Histoire du naturisme en France : depuis le siècle des Lumières, de Sylvain Villaret, Vuibert, 2005. Vivre nu : psychosociologie du naturisme, de Marc-Alain Descamps, Trismégiste, 1991. L’épanouissement, la santé et la forme par le naturisme, de Gilbert Varet. M.A. éditions, 1989. Bienfaisante nature, de Françoise Dubost et Bernadette Lizet. Seuil, 2003. Le besoin de nature sauvage, de Roland de Miller, éditions Jouvence, 2007.

Article sur routard.com